Rouler dans l’eau, une pratique qui peut coûter cher !

70 000 $! C’est l’amende que vient de recevoir un club de motocross albertain, le Brooks Motocross Club et un membre de son exécutif, qui ont tous deux été reconnus coupables de violation de la Loi sur les pêches et de la Loi sur les espèces en péril. Ils avaient organisé une course d’enduro qui passait dans des cours d’eau avec des espèces de poissons protégés.

Ce montant est inférieur de 40 000 dollars à ce que le procureur de la Couronne avait suggéré en avril, mais supérieur à celui recommandé par les avocats de la défense.

Le membre fautif est un vice-président qui était responsable de la piste et de la construction de ponts au-dessus des ruisseaux afin que les motos ne perturbent ni ne tuent les poissons et autres écosystèmes. Il a personnellement écopé d’une amende de 25 000 $.

Le juge a conclu que le vice-président était au courant des réglementations. Il était chargé de veiller à la construction de ponts au-dessus des ruisseaux afin que la faune ne soit pas dérangée. Mais il ne l’a pas fait et il a laissé passer les pilotes dans l’eau.

Oui l’action se passe en Alberta, pas au Québec. Les Albertains doivent d’ailleurs envier nos 24 000 kilomètres de sentiers fédérés, car ils roulent sur les terres gouvernementales et ils ont de plus en plus d’interdictions, avec des groupes de pression en face d’eux.

Chez nous aussi il y a des règles pour la protection de la faune. Et rouler dans l’eau n’est pas autorisé. Pourtant, en cherchant bien, il n’est pas rare de voir des publicités de fabricants de motos, quads ou autos où on voit ceux-ci passer dans un cours d’eau.  Avec le véhicule projetant une gerbe d’eau, synonyme de liberté. C’est une méconnaissance des lois sur la conservation et la mise en valeur de la faune, administrées par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).

Il est strictement interdit de traverser un cours d’eau ou d’y circuler à bord d’un véhicule motorisé. Par cours d’eau, on comprend une étendue d’eau, lac ou rivière, où la vie animale existe. Le lit des cours d’eau possède un fond constitué de plusieurs matériaux, comme les cailloux, graviers ou fines particules. C’est là que vivent et se reproduisent les larves d’insectes qui représentent la majeure partie de l’alimentation du poisson. Ce fond offre aussi un abri aux poissons lors des crues ou en cas d’attaque de prédateurs.

Comme le souligne la Fondation de la faune : « Les cours d’eau contribuent grandement à la production forestière et recueillent l’eau des précipitations. Ils constituent l’habitat de la faune aquatique et sont tout aussi essentiels pour la faune terrestre et ailée qui s’y abreuve et en dépend (castor, rat musqué, loutre, vison, etc.). Une attitude responsable et respectueuse de l’environnement suggère de ne pas laver la machinerie ni déverser de l’huile, de la terre, des déchets de coupe, des produits chimiques dans un lac ou un cours d’eau, ou encore utiliser un cours d’eau comme voie d’accès (éviter les passages à gué) et d’y laisser des arbres ou des branches. »

Photo prise lors d’un lancement de presse de Polaris au Montana dans un ranch privé.

Quand un véhicule hors route traverse ou circule dans un cours d’eau, il attaque le fond des berges et du lit. Tout l’écosystème est modifié, la qualité de l’eau est déstabilisée, des particules sont déplacées. Des larves ou des poissons peuvent être tués. L’habitat du poisson est considéré comme partie du patrimoine collectif du Québec, même s’il est sur un terrain privé. Il représente une richesse naturelle, culturelle et économique, et il tombe sous le coup de la loi.

Il faut savoir que les bateaux eux-mêmes ne peuvent pas embarquer sur certains plans d’eau s’ils n’ont pas nettoyé leur coque, pour ne pas corrompre ou contaminer l’eau.

Des amendes qui varient de 250 $ à 20 000 $ peuvent être imposées aux contrevenants.

Le niveau le moins cher, c’est 250 $ par roue. Donc le quatre-roues dans l’eau, c’est 1000 $ pour commencer.

Vous croyez qu’il n’y a jamais de contraventions en matière environnementale? Allez lire toutes les condamnations au-dessus de 1000 $ sur le site du ministère de l’Environnement : 

Il y a quelques années un organisateur de courses d’enduro québécois avait été rappelé à l’ordre par un agent de la faune. Heureusement pour lui, l’affaire s’était arrêtée là grâce à sa bonne coopération. Mais le risque est bien réel, pour les promoteurs, comme pour les pilotes.

Le COHV, conseil des véhicules hors route canadien, avertit aussi sur le sujet. Il diffuse une vidéo où on voit un poisson parler avec un ours et un quadiste. Le message est clair : « Garde tes roues hors des cours d’eau! »

Oksana Buhel, du COHV, raconte qu’il n’est pas rare de voir des quadistes sortir du sentier pour traverser dans l’eau alors qu’il y a un pont sur le chemin.

En restant sur les sentiers fédérés de la FQCQ, vous n’aurez jamais à passer dans un cours d’eau.

Le souci au Québec, c’est qu’il y a 3,6 millions de plans d’eau. Vérifiez votre itinéraire avant de partir pour être sûr de ne pas poser les roues dans l’eau.

Sur les forums, il y aura toujours quelqu’un qui trouvera un pollueur plus important, une pépine, un entrepreneur, les villes qui déversent les déchets dans le fleuve… Mais est-ce une raison pour ne pas agir de manière responsable? 

L’argument « Si lui le fait, pourquoi pas moi? » ne tient pas. Chacun doit faire sa part.

En conditions normales d’utilisation, le quad possède déjà ses détracteurs. Nous ne devons pas agir illégalement et leur donner en plus des bâtons pour nous faire battre.

Ne pas poursuivre un animal :

Puisque la loi C-61.1 sur la conservation et la mise en valeur de la faune est peu connue des quadistes, il y a un autre texte qui intéresse les propriétaires de VHR : « Nul ne peut pourchasser, mutiler ou tuer volontairement un animal avec un véhicule. »

Si un animal se trouve devant vous et qu’il se sauve sur le sentier, ne le suivez pas. Il suffit de dix minutes pour que sa santé soit compromise. Un effort intensif peut créer une grande production d’acide lactique et d’autres déchets qui circuleront dans le sang. Cela peut créer des dommages irréversibles et même entrainer la mort.

Avancez lentement et arrêtez-vous pour lui laisser la possibilité de s’enfuir dans les bois.

Sur terre ou dans l’eau, nous devons respecter les animaux et partager la nature avec eux.

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