Réduire la charge de travail qui incombe aux bénévoles des clubs

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Depuis quelques années les bénévoles des clubs soulignent à juste titre que la charge de travail qu’ils ont à réaliser pour faire fonctionner leur club devient de plus en plus lourde. Cette situation s’explique de plusieurs façons.

Trois facteurs qui augmentent la charge de travail

La première réalité qui impacte les clubs est la rigueur que l’administration de la FQCQ a instaurée il y a deux ans. Cette rigueur est nécessaire pour documenter de manière crédible les demandes d’argent nouveau au gouvernement. Quel est le nombre d’heures de bénévolat consenties au Québec durant une année? Quelle est la situation budgétaire réelle des clubs de la FQCQ en 2023-24? Il y a deux ans, les données étaient peu crédibles quand on sait que des clubs quatre saisons n’avaient pas de poste budgétaire de carburant dans leur comptabilité. 

La deuxième est la défection des bénévoles qui ne se bousculent plus aux portes pour travailler dans les clubs quads. Sauf dans de rarissimes clubs comme celui de la Matapédia où un président charismatique réussit à mobiliser ses membres, les CA des clubs peinent à maintenir un intérêt de socialisation dans le club. Les mœurs changent, les gens sont de plus en plus affairés dans le tourbillon de vie d’aujourd’hui et veulent se divertir quand ils sortent en quad. Bref, la mouvance du volontariat bénévole qui a permis durant les 30 dernières années à ce réseau de sentier quad unique au monde de se créer est grandement étiolée. Il est douteux de penser qu’on pourrait refaire la même chose en 2024 en partant de zéro.

Enfin, le fait que l’activité se tienne sur 12 mois ne permet pas aux clubs de prendre une période de repos comme le font les clubs de motoneige ou de moto, par exemple. Il leur est requis d’être à l’œuvre 12 mois par année, ce qui est très taxant pour les bénévoles.

Y a-t-il des solutions pour l’avenir?

Les réalités changent, la solution des intervenants bénévoles de moins en moins disponibles fait que ceux qui restent doivent s’astreindre à plus de travail. Cette situation est intenable et pourrait nous conduire à un écroulement de la structure bénévole à moyen terme. Il faut donc penser « en dehors de la boite » pour penser à des avenues de solutions possibles, tout en gardant à l’esprit que ces façons de faire devront être financées.

• Les gérants opérationnels de sentier

Ce projet fait partie des réflexions à long terme pour trouver des nouvelles manières de faire. Avant de mettre cela en branle, les clubs seront consultés, impliqués et les ajustements nécessaires seront apportés s’il et résolu d’aller de l’avant.

 Les gérants opérationnels de sentier seraient responsables de la voirie. Ils seraient rémunérés pour planifier, exécuter ou surveiller l’exécution de travaux et aussi s’assurer d’un monitoring du réseau de sentiers. Aussi, des gérants opérationnels de sentier dégageraient les agents de liaison de la partie terrain et ces derniers pourraient davantage se consacrer aux tâches cléricales et de recherche de subventions.

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Les expériences du club Trans-Temis dans le Bas-Saint-Laurent démontrent qu’un gérant par 600 kilomètres de sentier est un ratio raisonnable qui permet à l’employé de rouler sur l’ensemble du réseau au moins une fois par semaine. Parcourir 600 km à 50 km/h nécessite 12 heures, soit environ 33 % de sa semaine de travail.

Considérant les 24 000 km de sentiers fédérés au Québec, il faudrait environ 40 agents de terrain pour la province de Québec, ce qui représente un budget annuel de 4,1 millions de dollars. Cela comprend salaires et avantages sociaux, les frais de déplacement dans les sentiers, les frais d’équipement et d’outillage et les frais de bureau/ entrepôt.

• La comptabilité (tenue de livres)

La tenue de livres est un autre clou dans le pied des bénévoles. La gestion des droits d’accès sur la plateforme numérique de la FQCQ a simplifié une partie des choses, mais il reste quand même à faire l’inscription des transactions dans les livres, le calcul des TPS et TVQ et autres tracasseries administratives. Certaines personnes diplômées avec une technique administrative font actuellement de la tenue de livres pour des clubs quads. Cela ne remplace pas le rapport comptable annuel requis en fonction de la Loi sur les compagnies, mais le travail est fait pour le reste. Les clubs peuvent même savoir combien coute telle ou telle machine en entretien ou carburant par kilomètre surfacé s’ils le désirent

Le tarif varie entre 300 $ et 400 $ par mois selon la complexité du dossier, donc un budget annuel pour chaque club oscillant entre 3600 $ et 4800 $ par année. 

• La régionalisation de l’entretien des sentiers

Nous voyons apparaitre dans la province de nouvelles réalités opérationnelles qui sont très difficiles à prendre en charge pour les derniers bénévoles qui restent en place. Par exemple, il peut s’agir d’une fusion régionale dans les grands espaces du nord de la province ou encore d’une fusion entre deux clubs limitrophes. Dans ces cas, les distances sont très grandes pour les bénévoles. Ailleurs au Québec, il existe présentement un projet régional particulier visant la mise à niveau de l’ensemble des infrastructures de sentier qui sont détériorées. Rapidement, on constate que cette tâche se retrouve encore sur les épaules des derniers bénévoles encore en place. Cette situation est intenable pour eux et ceux-ci renoncent aux budgets disponibles car ils ne peuvent en prendre davantage. 

Constatant que la situation stagnait, la FQCQ a dépêché un administrateur qui a une solide expérience de gestion pour relancer le dossier. Par suite des rencontres et discussions tenues avec les clubs et associations régionales, une voie de passage a été élaborée pour mettre en place un cadre de gestion régional d’entretien des sentiers. Le nouveau plan propose l’appui de Sentier Quad Québec qui possède l’expertise et les compétences pour la réalisation d’infrastructures et de maintien de réseau. Il s’agit d’un changement du modèle d’affaires de Sentier Quad Québec qui élargit ainsi son champ d’intervention en dehors des réserves fauniques.

Quelles sont les conditions requises pour la mise en place des nouvelles mesures?

Deux éléments sont essentiels dans la mise en place de ces mesures : le consentement des clubs et le financement.

  • Le consentement des clubs : le CA de la FQCQ travaille conjointement avec les associations régionales dans le développement de nouvelles idées. En effet, celles-ci peuvent témoigner du désir de collégialité du CA dans les sujets délicats abordés récemment, comme la modélisation des droits d’accès. Les rencontres avec les associations régionales sont faites maintenant sous forme d’atelier plutôt qu’une simple réunion d’information. 

Les idées présentées plus haut sont des changements majeurs dans le mode de fonctionnement des clubs, mais leur réalité s’est modifiée profondément dans la dernière décennie. Plus rien n’est pareil aux conditions d’implication bénévole qui ont lancé le réseau de la FQCQ à ses débuts. 

  • Le financement : l’argent est et sera toujours le nerf de la guerre.  Récemment, les fonctionnaires de DEC Canada ont accepté de considérer le quad dans son programme de financement. Il reste à mettre en place les procédures et modalités avant l’acceptation finale de l’entente par le ministre responsable. Rien n’est acquis de façon certaine, mais c’est la meilleure ouverture que nous avons eue dans l’histoire de la FQCQ. 

Également, la FQCQ a fait récemment des représentations auprès du gouvernement pour réviser le montant du volet 1 pour l’entretien de sentiers. Nous avons déposé un mémoire qui démontrait que la FQCQ recevait beaucoup moins par usager et globalement que la FCMQ de la part du MTQ. Nous avons également mis clairement en lumière que les motoneiges opéraient 3 mois par année alors que nous sommes tenus d’exploiter notre réseau 12 mois par année, en assurant l’entretien des surfaces de roulement, la sécurité, etc. Cela ne représente pas du tout le même engagement financier. Le MTQ nous a clairement signifié que la demande de révision était étudiée avec attention.

Regardons vers l’avant avec audace

Il ne sert à rien de regarder le vieux logo de la FQCQ avec nostalgie. Les réalités sociales ont changé dans la dernière décennie. Les bénévoles se font rares et ceux qui restent font preuve d’une résilience sans bornes. Le clientélisme domine de plus en plus et apporte peu de reconnaissance aux acteurs qui maintiennent le réseau en place.

C’est pourquoi il faut être audacieux pour trouver des nouvelles façons de maintenir le plus vaste réseau de sentiers de quad au monde. Les choses ne sont pas simples, surtout avec une des réglementations gouvernementales les plus restrictives au Canada et même aux États-Unis. La FQCQ fait la démonstration aux instances gouvernementales des nouvelles réalités et les retours que nous recevons démontrent un intérêt pour nos demandes. Nous continuons à enfoncer le clou afin d’être sûrs d’être entendus et de ne pas laisser d’autres intervenants du milieu venir brouiller les cartes.

Pierre Allard

Vice-Président, FQCQ

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