Pistes à suivre pour rajeunir la pratique du quad

La Fédération Québécoise des Clubs Quads existe depuis plus de trente ans et on peut dire qu’elle a fait du chemin. Et même des sentiers! Tout cela grâce à l’effort gigantesque fourni par des bénévoles qui ont voulu (et veulent toujours) profiter de la magnifique nature québécoise pour la découvrir et tisser des liens avec d’autres passionnés.

Tout cela donne une expérience formidable pour la communauté. Des amitiés à vie se sont créées grâce à l’activité du quad, grâce à cette volonté commune de partager des sentiers, d’aller plus loin, de découvrir la beauté de toutes ces régions du Québec.

Mais il est temps d’accueillir les générations futures, de penser aux prochaines décennies du quad en sentier.

Aujourd’hui, la majorité des possesseurs de passes de sentier ont plus de 45 ans. Et 12 000 ont plus de 65 ans. 

Dans vingt ans, quelle sera la composition des membres des clubs quads? Comment est perçue l’activité des clubs par les jeunes actuellement? Comment les intéresser aux sentiers?

Tout est à faire. Ce questionnement n’est pas propre au quad. Il touche toutes les activités récréatives. Aujourd’hui, il y en a au moins deux secteurs qui ont pris ce virage jeunesse, la moto de rue et l’autocaravane, renommée en anglais van life. Le nom est intéressant car il y comporte le mot vie (life) en anglais. On ne pratique pas pour posséder, mais pour vivre. Partir à l’aventure, expérimenter quelque chose de différent, en opposition à être toujours derrière un écran.

Le véhicule a peu d’importance, ou alors il doit avoir une allure vintage. Les véhicules anciens sont à la mode, et l’investissement est moindre. Car les jeunes ont un pouvoir d’achat moins important, ou ils ne veulent pas mettre tout leur argent dans une seule activité. Ils veulent VIVRE. Pour le caravaning, on va tripper sur les vieux Volskwagen de la période hippie. Dans le domaine de la moto, celles des années 1980 sont à l’honneur, mais modifiées pour posséder une image unique. 

Souvent la nouvelle génération va vouloir se retrouver entre elle. Par exemple, les jeunes motocyclistes ont créé leur propre espace au Salon de la moto de Montréal, le Hangar 17. Ils se retrouvent autour des préparateurs, des accessoiristes ou vendeurs de tee-shirts. Ils viennent même avec leur bar fétiche qui les abreuve! 

Les jeunes amateurs de van life vont eux aussi se retrouver au bord d’un lac pour partager un feu de joie et admirer leurs véhicules respectifs en échangeant de bonnes adresses.

C’est très encourageant. Il y a des jeunes allumés, engagés, qui ont envie de se rencontrer, découvrir. 

Avec 400 000 VHR au Québec, dont de nombreux quads, nous avons tout pour donner la piqure aux prochaines générations.

Comment faire?

Bien sûr il y a le quad sportif. Le Québec possède un beau réservoir de pilotes de talents qui sont présents sur plusieurs fronts. C’est la province canadienne où il y a le plus de représentants dans les courses comme l’enduro-cross, le superquad, le Flat Track, les courses sur glace et bien sûr le motocross. Ils étaient présents au Supercross de Montréal en septembre, le seul endroit où les VTT couraient pour une compétition MX intérieure!

C’est bon pour l’image, pour donner un reflet dynamique du quatre-roues, mais cela ne suffit pas à accueillir des jeunes dans les sentiers, et à leur faire effectuer des tâches bénévoles pour la communauté. On ne recherche pas obligatoirement les pilotes de compétition. C’est plus une activité touristique, à 50 km/h maximum, il ne faut pas l’oublier.

Si vous avez des enfants, petits ou arrière-petits-enfants, asseyez-les sur votre quad, démarrez le moteur. Si vous avez un casque, emmenez-les pour un petit tour sur un terrain privé. Doucement, tranquillement. C’est plus impressionnant que vous pensez, et il ne faut pas leur faire peur. Quand ils sont adolescents, emmenez-les faire une tâche d’entretien avec le club. Il faut qu’ils ressentent les bienfaits de l’effort partagé, la satisfaction du travail accompli, en communauté. Félicitez-les pour leur participation, intégrez-les aux conversations après le travail. Ils doivent découvrir le plaisir de rencontrer de nouvelles personnes, de communiquer autrement qu’avec un écran.

On ne reconnaitra jamais assez l’importance de la famille dans le quad, et les sports motorisés en général. Quand les ainés possèdent des véhicules, ils sont des référents et ils donnent le gout aux plus jeunes. 

L’exemple est fréquent. Les nouveaux utilisateurs reconnaissent l’influence d’un membre de la famille ou d’un ami dans le choix de l’activité.

Plusieurs grands constructeurs de quads proposent des modèles enfants. Ils ont la caractéristique d’être de véritables véhicules solides, simples et sécuritaires. Ils permettront aux enfants de se faire la main et de ressentir leurs premiers émois mécaniques. Même s’ils ont un certain prix d’achat, ils sont fiables et se revendront aisément en occasion. À utiliser sur terrain privé. Car rappelons que la conduite en sentier se pratique à partir de l’âge de 16 ans, avec un cours obligatoire pour les mineurs.

Pour les clubs, il serait bien de faire une recherche sur les membres ayant moins de 40 ans. Pourquoi ne pas créer une commission des trentenaires, les réunir pour un repas? C’est important qu’ils se connaissent, qu’ils voient qu’ils ne sont pas seuls. Ils seront plus confiants pour proposer à leurs amis de venir. Présentez-leur les machines d’entretien du club, montrez le fonctionnement, invitez-les à venir pour un entretien ou un damage.

Attention, amener des jeunes à notre activité et les conserver demande quelques compromis. Il faut accepter leurs différences, qui peuvent être de l’exubérance, de la fougue, des conversations bruyantes au relais (bien qu’on connaisse déjà ça dans certains cas!). 

Ce qu’on ne doit pas accepter est un système d’échappement non conforme, des manœuvres dangereuses, des facultés affaiblies. Communiquer sans agressivité est le meilleur choix. Sinon, il faut se rappeler que nous avons eu leur âge, avec toute l’adrénaline et la testostérone que cela implique.

La pyramide des âges des membres de clubs quads est inversée. Il faut du sang neuf pour faire durer l’activité. La relève existe, il faut lui parler, la guider et lui faire une place au sein des clubs.

Par François Cominardi

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