Mycolo-quad

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Un de mes grands plaisirs de rouler en quad est de découvrir les paysages, d’admirer la beauté de la nature et de ce qu’elle nous offre, et parfois, de cueillir un des petits trésors qui bordent les sentiers.  Avant de débuter dans l’univers du quad, mon conjoint mycologue amateur et moi marchions des heures en forêt pour faire nos petites trouvailles.  L’achat de notre première machine visait essentiellement à augmenter notre zone de prospection.  Jamais nous n’aurions cru devenir passionnés de quad, de grandes randonnées et de voyages.  Toutefois, chaque année, nous visitons nos sites de récolte de champignons forestiers. Il y a 3000 variétés de champignons au Québec, dont une centaine sont comestibles, une trentaine sont de bons comestibles (ceux qu’on recherche) et une centaine sont toxiques.

Un sentier bordé de champignons

Un monde à découvrir

S’il est possible de récolter en sentier certains des meilleurs comestibles du monde de la mycologie québécoise tout simplement en se baladant en quad, on ne le fait pas n’importe où! Avant d’espérer récolter nos premiers champignons, il faudra étudier un peu les objets de nos convoitises.  Il faut tout d’abord reconnaître les champignons comestibles, ceux qui sont toxiques, les espèces qu’on peut confondre et les substrats sur lesquels ils poussent.  On doit également connaître l’environnement propice aux espèces recherchées ainsi que la période de l’année où ils se décident à sortir de terre. Le meilleur moyen d’y parvenir est de se joindre à un club de mycologie local. Je déconseille fortement à un novice de se fier à des images ou à une reconnaissance photographique d’une quelconque application sur cellulaire pour identifier un champignon.  Les risques d’une intoxication sont réels et certains champignons sont mortels.

La morille

Notre saison de récolte de champignons débute fin mai-début juin selon les régions, avec la plus recherchée de toutes les espèces : la morille.  Ce champignon se décline en deux sous-espèces, la blonde et la noire.  La morille noire, ou morille de feu, pousse généralement dans les grands brûlés laissés par les feux de forêt.  Elle est si rentable à récolter que certains en font un métier.  En sentier, on rencontre plus souvent la morille blonde.  On la recherche dans un environnement sablonneux bien drainé où la terre a été remuée. Elle se camoufle particulièrement bien dans les feuilles et il faut être très attentif pour la voir même en marchant lentement à un endroit connu pour en récolter.  Sa forme et sa texture la rendent assez unique, mais on peut la confondre avec la gyromite, qui est toxique.

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Une récolte de morilles en sentier

La morille est fidèle, c’est-à-dire qu’elle pousse aux mêmes endroits année après année.  Si un ami vous révèle son spot de morilles, soit il vous aime vraiment beaucoup, soit il vous fait une blague.  La morille est goûteuse et sa saveur se diffuse particulièrement bien dans une sauce à la crème. On consomme nos trésors rapidement après la cueillette ou alors on les prépare pour une conservation plus longue. La déshydratation est un excellent moyen de conserver la plupart des champignons pendant des années.  Pour y parvenir, il suffit d’un simple moustiquaire installé au soleil.  

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Un séchoir efficace et gratuit

La chanterelle

Fin juillet et début août, c’est la saison d’un très beau champignon :  la chanterelle ou girolle. On peut le confondre avec un seul autre champignon, le clitocybe lumineux, qui est toxique.  On identifie facilement la chanterelle grâce à ses plis qui se divisent et au fait qu’elle pousse seule sur le sol, alors que le clytocybe pousse en grappe sur du bois en décomposition.  En randonnée, on la repère facilement, car sa couleur tranche sur le substrat, et on compte souvent plusieurs dizaines, voire des centaines d’individus qui forment une ligne plus ou moins large.  On la retrouve abondamment dans la région de la Beauce et elle aussi est fidèle. Le goût très délicat de la chanterelle mérite de se savourer sans trop d’artifices, soit comme ingrédient principal d’une sauce ou simplement sauté au beurre.

Récolte de chanterelles près d’un lac

Le crabe

En août, c’est la saison du champignon crabe, ou lobster, de son vrai nom la dermatose des russules.  Ce champignon est idéal pour les novices, car aucun autre ne lui ressemble.  Il aime bien la terre remuée et les petits talus; on le retrouve autant sur les côtés qu’en plein milieu d’un sentier.  J’en ai récolté autant sur la Côte-Nord qu’en Beauce; on le retrouve un peu partout au Québec.  D’un rouge-orangé flamboyant et gros comme une balle de baseball, il est difficile de le manquer à moins de rouler trop vite.  On cherche des spécimens dont la chair est ferme.  Lorsque sa couleur devient rouge foncé, c’est qu’il a déjà sporé et n’est plus bon au goût.  On le déguste en fines tranches qu’on utilise pour parfumer une sauce ou une béchamel, ou il accompagne merveilleusement bien les fruits de mer.  Puisque les récoltes sont souvent impressionnantes, la déshydratation est pour lui aussi un bon moyen de conservation.  

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Un champignon qui risque de se faire écraser

Août, septembre et jusqu’au premier gel, les champignons forestiers explosent de vie, de couleurs et de textures.  Ils ont des noms parfois bizarres, comme le pied de mouton, le  lactaire saumoné, la vesse de loup, le psalliote des trottoirs ou l’oreille de Judas. C’est le temps de cueillir les champignons de ma sauce à spaghetti, le bolet des pins et le bolet orangé.

Le premier gel sonne le glas de la saison.  Les champignons, qui en fait sont un peu les fruits du mycélium qui se trouve sous terre, s’affaissent.  L’hiver arrive, et c’est le moment pour le mycologue en devenir de chercher dans sa région une formation qui lui permettra d’identifier et de récolter encore plus d’espèces l’été suivant.

La conservation

Pour récolter et ramener vos champignons sans en faire une bouillie au retour lors d’une balade en quad, il vous faudra :

  • un quad  🙂
  • un couteau de poche, ou un opinel champignon No 8
  • un sac en papier ou en tissu
  • une glacière et des sachets réfrigérants (ice packs)

Placez les plus gros champignons au fond de votre sac, que vous déposerez ensuite sur des sachets réfrigérants dans une glacière. Installez la glacière au centre du quad. Si possible, évitez de trop brasser votre quad sur le chemin du retour.  Une fois à la maison, utilisez un petit  pinceau pour enlever le sable et les débris de vos champignons, puis laissez-les dans le tiroir à légumes de votre réfrigérateur.  Ne consommez jamais de champignons forestiers crus, car ils sont souvent parasités. Cuisez et consommez-les dans les jours suivant la récolte ou utilisez une méthode de conservation comme la déshydratation ou le blanchiment puis la congélation.   

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L’automne est la meilleure saison pour la récolte

La mycologie et le quad se marient parfaitement, en autant qu’on reste prudent sur l’identification de nos récoltes. Si vous êtes incertain mais voulez tout de même goûter, il est possible d’acheter à un prix exorbitant des sachets de champignons forestiers séchés à l’épicerie, sinon une balade avec un mycologue et vous serez en mesure d’identifier les trois champignons forestiers du Québec traités ici.

Bon quadpétit!

Chantal

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