Les sentiers fédérés quad, un jouet qu’il ne faudrait pas casser…

Aujourd’hui, certains expliquent sur les réseaux sociaux qu’ils peuvent se passer de sentiers fédérés. Qu’ils peuvent rouler en quad ailleurs : Zec ou terres du gouvernement (également appelées de la Couronne). 

Certainement. 

Mais on ne compare pas la même chose. Quelques dizaines, voire centaines de kilomètres, dans le meilleur des cas, contre 25 000 km de sentiers quads FQCQ.

Les lignes hydro ou une Zec seraient-elles assez intéressantes pour se promener toute une saison?

Qui irait enlever les arbres tombés? Qui pourrait rouler à 50 km/h, de peur de rencontrer un randonneur ou un vélo hors route sur un sentier partagé? Où seraient les panneaux indicateurs? Qui irait voir un propriétaire terrien pour lui demander la permission de passer sur ses terres? Qui fabriquerait des ponts selon les normes du Québec?

Quel paradoxe! Avant le 15 mai (fin de la période de dégel), les commentaires étaient ciblés sur l’ouverture des sentiers. Il fallait rouvrir les sentiers malgré la pandémie. C’était une question de santé mentale. 

Maintenant que les sentiers sont ouverts, certains veulent s’en passer. Entre les deux, il y a eu, il est vrai, une augmentation votée de 30 $ de la passe de sentier pour 2021. Une hausse de 6 $ par an depuis la dernière augmentation il y a cinq ans.

Mais cela suffit à enflammer les réseaux. Quelques personnes sont prêtes à ne pas prendre leur passe 2020 à prix « normal », parce qu’elle coutera plus cher l’année prochaine. Où est la logique? 

Si c’est une façon de contester, ce n’est pas la bonne. Les décisions se prennent en assemblée générale et ce sont les clubs qui votent. Il faut commencer par aller aux réunions et aux assemblées générales du club pour s’informer et donner son avis.

Les sentiers fédérés quad

Depuis cinq ans, il y a bien 15 000 quadistes qui ont arrêté de payer leur droit d’accès. Imaginez le manque à gagner que cela représente. 

Est-ce que la totalité de ces ex-membres ont arrêté de rouler en sentiers fédérés? Certainement non…

Si vous voulez savoir où va l’argent de vos droits d’accès, examinez cette perte de revenu. Elle appauvrit la communauté.

La Fédération était il y a trente ans une belle utopie de « trippeux de VTT ». Elle est devenue maintenant une entreprise dont on essaie de profiter, en utilisant gratuitement son infrastructure.

Aujourd’hui, plusieurs ne comprennent pas le concept d’utilisateurs payeurs. Comme il n’y a pas de péage sur les routes asphaltées (à part quelques rares exceptions), pourquoi faudrait-il payer les sentiers quads?

Parce que si vous voulez faire la comparaison avec votre auto, le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2019-2029 a prévu des investissements dans le réseau routier de 2,45 milliards de dollars par an en moyenne au cours des 10 prochaines années, et c’est une hausse de 23 % (4,5 milliards). Mais comme tout est pris dans vos impôts et taxes, vous ne le voyez pas passer…Et plus de six millions de véhicules sont taxés!

Le budget FQCQ est beaucoup plus modeste et il passe par un droit d’accès.

Et si vous voulez comparer avec d’autres provinces, prenez le tarif de la vignette, enlevez le coût de l’assurance, et divisez le prix par le nombre de kilomètres de sentiers. Vous verrez que la facture est avantageuse au Québec.

Alors, chers amis membres en règle, cette hausse de 30 $, ce n’est pas à la FQCQ que vous la donnez, c’est aux quadistes pirates que vous allez rencontrer en sentier, sans droit d’accès. N’hésitez pas à leur faire connaitre votre mécontentement et à les informer qu’ils risquent de devoir acheter un droit d’accès majoré, de 500 $, s’ils rencontrent un agent de sentier.

Il n’y a pas de raison pour que les augmentations soient seulement pour les membres!

Ce qui est dommageable, c’est que la FQCQ gère un loisir, un sport, une communauté. Alors pourquoi autant d’animosité, d’agressivité, de négativisme alors que l’objectif est le plaisir de rouler, de se retrouver, de découvrir.

Il est vrai que quelques groupuscules entretiennent l’huile sur le feu, avec des actions peu représentatives, comme les soi-disant manifestants contre le racisme qui cassent des magasins et volent des guitares à Montréal.

Peut-être qu’au bout de trente ans d’existence, tout le monde croit que les sentiers fédérés sont acquis, que c’est un droit inaliénable. Mais il n’y a rien d’acquis en ce bas monde, et les événements planétaires nous l’ont rappelé durement.

Les clubs de quad ne possèdent pas les sentiers, ils les entretiennent. Demain, ils pourraient les perdre. Car on ne se rend pas compte de leur utilité.

Un peu comme un enfant qui possède un jouet superbe, mais qui oublie sa valeur, à force de jouer avec. C’est le jour de sa perte qu’il découvre son importance, mais il est trop tard.

Non, ce scénario catastrophe n’est pas pour demain.

Mais il serait temps de se rappeler de la chance que nous avons de profiter de ce réseau unique.

Ceux qui se plaignent utilisent-ils les sentiers et leur passe à pleine capacité?

Car on n’imagine pas toujours l’immensité que représentent 25 000 km de terrain de jeu. Beaucoup se contentent des randonnées autour de chez eux, avec leur stationnement habituel. Mais regardez la carte du Québec. C’est énorme. Pourquoi ne pas programmer une sortie de quelques jours ailleurs, dans un secteur où vous n’avez jamais été?

Avez-vous déjà roulé dans la vallée de la Matapédia, dans les Hautes Laurentides, entre La Tuque et Parent, ou en Abitibi-Témiscamingue?

La plupart des clubs ont une page Facebook où vous pouvez demander toute l’information locale.

L’industrie nous fait part de ventes rassurantes de VHR en 2020. Accueillons ces nouveaux utilisateurs autrement qu’avec des propos négatifs. Soyons des ambassadeurs plutôt que des casseurs.

Et rappelons à ces nouveaux arrivants l’esprit du quad et du véhicule côte à côte :

– L’objectif des sentiers n’est pas de faire de la vitesse, mais de se promener, découvrir et piloter dans différents types de terrain, en ouvrant l’accès aux différentes régions québécoises.

– Le droit d’accès n’est pas un achat qui donne droit à des services. C’est l’appartenance à un club de bénévoles qui se dévouent pour entretenir un réseau de sentiers au mieux de leurs compétences et de leurs disponibilités, épaulés par une fédération qui les guide et les soutient. 

– Chaque acheteur de passe n’est pas un client, mais un membre d’une association. Il devrait donner un peu de son temps pour faire vivre le club. Il peut donner son avis, démocratiquement, pendant les assemblées générales.

– Les clubs de quad ne sont pas un service public. Il n’y a pas de sentiers partout. Il y en aurait encore moins sans leur présence. Les sentiers ne sont pas des billards, et ce n’est pas leur vocation.

– Chaque intrusion sur un terrain privé, chaque détritus laissé dans la nature, chaque incivilité, comme du bruit proche d’habitations, donne une image négative et ferme des portes ou des opportunités de sentiers. Nous sommes tous ambassadeurs de notre communauté.

– Dans le coût du droit d’accès, il y a une partie destinée à l’assurance obligatoire, qui a été négociée au plus juste, et qui est remise à l’assureur. La totalité de la facture n’est pas donnée à la FQCQ ou aux clubs.

Si certains pensent se passer du réseau fédéré, qu’ils le fassent. Mais sans l’utiliser même pour quelques kilomètres. Vous verrez, ce n’est pas si facile…

Ne laissons pas casser les sentiers fédérés et ceux qui les entretiennent. Ils ont une fonction économique et touristique. Et ils représentent une vision communautaire indispensable à une époque où chacun a tendance à se replier sur soi, avec ou sans l’aide de la COVID-19.

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