Le remorquage de VTT en panne : une affaire sérieuse

En cette belle journée d’automne ensoleillée, vous réalisez en compagnie de votre bon ami Gérard une belle randonnée que vous avez planifiée depuis quelque temps. Depuis quelques kilomètres, votre côté galopin reprend le dessus. Vous savourez la réponse supérieure de votre puissante machine qui surclasse outrageusement le modèle vieillissant (mais payé dira Gérard avec un sourire en coin) de votre compagnon. Et puis vous avez la chance de vous engouffrer à côté de lui dans la large et profonde flaque d’eau, le faisant disparaitre sous une trombe boueuse. Gérard n’a eu aucune chance. Vous vous esclaffez encore de rire en vous remémorant les grands yeux ronds de surprise de Gérard juste avant qu’il se fasse engloutir sous l’eau. Votre plaisir est de courte durée, car quelques kilomètres plus loin, votre quad laisse entendre un bruit inquiétant, puis s’arrête sans autre cérémonie. La fierté en prend un coup sévère et votre ego est percé par la flèche de la honte quand vous voyez Gérard s’approcher avec une corde de remorquage en arborant un rictus qui semble dire « Là Victor, ça va être à ton tour » !

C’est à partir de ce moment que la prudence devient essentielle, car débute une opération délicate : le remorquage d’un VTT en panne à l’aide d’un câble. Pour prévenir tout accident ou blessure évitables, il est crucial de respecter quelques consignes de sécurité : 

• La vitesse : Le remorquage doit impérativement se faire à vitesse réduite. La position « LOW » sur le sélecteur de vitesse de votre VTT est idéale pour cette manœuvre. Cette faible allure offre plusieurs avantages : elle permet de mieux réagir en cas d’imprévu et préserve également la transmission du véhicule qui effectue le remorquage.
• Évitez d’utiliser le câble d’acier du treuil : contrairement au nylon, un câble en acier manque d’élasticité, ce qui provoque des secousses désagréables et inconfortables lors du remorquage. De plus, le mécanisme du treuil n’est pas conçu pour absorber ces chocs répétitifs, ce qui pourrait l’endommager. Préférez un câble ou une sangle en nylon, spécifiquement conçu pour ce type d’utilisation. 
• Réduisez la longueur du câble : une distance longue entre les deux véhicules peut poser problème, en particulier lors d’un virage serré à 90 degrés. Dans ce cas, le câble tirera le VTT arrière vers l’intérieur du virage vu que le véhicule qui tire est déjà tourné. Cela augmente le risque de heurter un obstacle que le véhicule de tête a contourné parce que le câble trop long va vous tirer sur l’obstacle sans que ne puissiez l’éviter. Plus le câble est long, plus cet effet est prononcé, rendant la manœuvre moins sécuritaire.
• Assurez une communication claire : les manœuvres brusques ou imprévisibles sont à proscrire. Avant de tourner à un embranchement ou de changer de direction, assurez-vous que le VTT remorqué a bien compris votre intention. Un signe clair accompagné d’un contact visuel suffit pour confirmer la coordination entre les deux conducteurs.
• Évitez les secousses brusques : en raison de son élasticité, un câble en nylon peut accumuler une grande quantité d’énergie. L’énergie cinétique (issue du mouvement) est convertie en énergie potentielle élastique, similaire à un effet de ressort. Dans des conditions normales, cette énergie est utilisée pour tracter le véhicule. Cependant, en cas de rupture d’un point d’ancrage, un crochet pourrait être projeté à grande vitesse vers l’autre extrémité encore attachée, créant un danger sérieux. Une astuce simple pour limiter les risques est d’attacher une veste au centre du câble. Cette veste aidera à absorber une partie de l’énergie libérée si le câble se rompt.
• Maintenez une tension constante dans le câble : le succès du remorquage repose sur une véritable collaboration entre les deux conducteurs. Ensemble, ils doivent s’assurer que le câble reste tendu en tout temps pour éviter les à-coups. Le conducteur à l’arrière doit freiner doucement dans les descentes ou lors du passage dans des trous, agissant comme un régulateur. Il doit également freiner le premier, tandis que celui à l’avant ajuste son allure en conséquence. 

• De son côté, le conducteur du véhicule remorqueur doit anticiper : s’il freine brusquement, il doit avancer doucement avant de reprendre la traction complète, afin de retendre le câble sans secousses. Une simple seconde d’inattention peut entraîner des conséquences graves, comme un câble lâche qui pourrait s’enrouler autour de la roue avant du quad remorqué, provoquant un renversement.

• Remorquage en tandem (deux quads côte-à-côte) : Cette méthode, parfois utilisée pour tirer une motoneige ou un véhicule côte-à-côte dans la neige, peut sembler appropriée lorsque le poids de la machine à remorquer est élevé et que la motricité est faible. Cependant, elle comporte des défis majeurs. Si déjà se synchroniser à deux conducteurs est complexe, à trois, cela devient encore plus risqué. 
• Pour limiter les dangers, utilisez impérativement deux câbles indépendants, un pour chaque véhicule remorqueur. Il faut éviter absolument d’utiliser un seul câble pour relier tout le monde. J’ai le souvenir d’un bon samaritain qui en tentant de tirer une motoneige en panne a subi un manque de coordination des autres conducteurs. Il en est résulté l’enroulement du câble autour de la roue arrière, provoquant un capotage. Bien que personne n’ait été blessé, le bras de suspension arrière a été endommagé, mettant en lumière les dangers réels de cette manœuvre.

Comme on peut le voir, le remorquage d’un quad en panne est une opération délicate qui exige une grande attention et le respect de toutes les mesures de sécurité, même si elle peut sembler banale à première vue. Toute imprudence ou tout excès de confiance dans cette manœuvre peut entraîner des dommages matériels importants, voire, pire encore, des blessures graves pour vous ou vos proches.