La vraie valeur du bénévolat

On peut l’affirmer sans gêne, le réseau de sentiers quad fédéré québécois est le mieux organisé, le plus étendu et le plus sécuritaire au monde. Toutes les fédérations canadiennes regardent avec envie ce que les 3000 bénévoles du Québec ont réussi à construire durant près de 30 ans.

Que font donc ces bénévoles dans les clubs?

Trois mille bénévoles travaillent d’arrache-pied pour assurer l’exploitation du réseau. Certains travaillent sur le terrain, comme les agents de sentier, pour assurer la sécurité dans les sentiers. La surveillance de ceux-ci est une obligation règlementaire que les clubs ou la Fédération doivent assumer. D’autres sont opérateurs de surfaceuse de sentier ou en font l’entretien mécanique. Ces bénévoles installent aussi de la signalisation ou interviennent de façon sporadique pour faire des corvées de nettoyage afin d’enlever les arbres tombés dans le sentier dans un épisode de grand vent.  

Côté administratif, les besoins ne sont pas en reste. Beaucoup font de la négociation avec les propriétaires terriens pour obtenir des droits de passage. C’est un volet qui est toujours à tenir à jour, car les terrains se vendent et les droits sont à renégocier. Il y a aussi de la gestion financière et de la comptabilité qui devient de plus en plus pointue. Ceux qui s’intéressent aux projets spéciaux seront comblés et pourront s’impliquer dans la mise en route de projets, notamment par la demande de permis et autorisations, établir les plans avec les professionnels, faire les demandes de subvention, assurer la surveillance des travaux sur le terrain, rédiger des rapports de fin de projet.  

Le capital du travail bénévole

Les clubs peuvent bien posséder de belles machines d’entretien de sentier des garages entrepôts pour certains, la véritable richesse qu’ils possèdent est le capital du travail des bénévoles. Pour la majorité des gens, qui dit capital dit valeur monétaire. Pour évaluer la somme pécuniaire sur la valeur du travail des bénévoles qui œuvrent sur le réseau, nous pouvons faire une estimation sommaire. Si chaque bénévole met 15 heures par semaine, à un tarif horaire de 18 $ de l’heure, on pourrait écrire l’équation suivante :

3000 bénévoles x 15 heures x 50 semaines x 18 $/heure = 40 500 000 $

Il s’agit de 40,5 millions de dollars récurrents année après année. Si tout le bénévolat disparaissait d’un coup, le prix des cartes de sentier annuelles exploserait à environ 1015 $ ! Cependant, il est réducteur de simplement évaluer l’apport de ces 3000 bénévoles à un simple chiffre en dollars. Le travail de ces gens prend une tout autre dimension dont il est important de prendre conscience. 

L’autre dimension de la valeur du travail bénévole

Prenons un peu d’altitude et observons l’ensemble de la portée des résultats du travail dans la société. Cela ne se résume pas seulement à « faire des trails ». L’impact du bénévolat a aussi des effets bénéfiques dans les systèmes du monde du tourisme, dans le monde social, dans le monde environnemental par la sauvegarde de milieux écologiques sensibles, et bien d’autres. Tous ces secteurs sont tous des microsystèmes et le monde fédéré du quad est donc, en étant au point de fusion de plusieurs microsystèmes, un mésosystème plus large. 

Les bénévoles qui y œuvrent sont des acteurs collectifs qui ont un impact majeur dans la dynamisation de la réalisation de la mission de la FQCQ et sa durée dans le temps. Ces acteurs s’adaptent et jouent des rôles qui diffèrent selon les besoins, les contextes et les ressources dont ils disposent. 

Avec son travail colossal, ce collectif garantit avec son expertise et sa connaissance du milieu le maintien du plus grand réseau quad organisé et sécuritaire au monde, 12 mois par année. Cette prouesse ne serait pas possible sans l’engagement indéfectible des acteurs collectifs qui, dans leur niveau d’intervention respectif, mettent tout leur cœur dans le rayonnement de la FQCQ. Pensez-vous réellement qu’en remplaçant tout ce beau monde par un platonique chèque de 40,5 millions, on pourrait pérenniser la réalisation du réseau ? Bien sûr que non et elle est là la réelle valeur du bénévolat : inestimable, car irremplaçable. Par contre, un meilleur financement supporterait et allègerait le fardeau que ces acteurs collectifs portent volontairement sur leurs épaules.

Les défis qui pointent à l’horizon.

Avec l’âge moyen des équipes de bénévoles qui ne cesse de croître, on peut se demander si les clubs cherchent toujours à rayonner socialement pour assurer la croissance du sport en général. En effet, avec le resserrement des effectifs de bénévoles, les clubs coupent dans la dentelle et se concentrent sur leur mission première qui est d’opérer un réseau de sentiers de quad et la tâche se complexifie d’année en année.

Bref, le principal défi qui s’adresse maintenant aux clubs de la FQCQ n’est pas de demeurer le plus grand réseau de sentiers VHR au monde, mais de trouver la façon de s’adapter pour éviter de s’effondrer.

Et c’est ici qu’arrive en scène la réflexion commune que les acteurs collectifs qui œuvrent à la mission de la FQCQ doivent faire afin d’avoir la même compréhension des rôles de chacun dans l’environnement contemporain du quad. Également, il importe de redéfinir les responsabilités de tout un chacun pour avoir une cohésion des forces afin d’atteindre la finalité désirée de l’organisation.

Réfléchir et analyser collectivement

À titre d’exemple, dans un contexte de diminution ou de rareté des ressources, il faut réfléchir aux rôles à prioriser pour assurer la pérennité de l’organisation. De plus, la pertinence de certains rôles par rapport à d’autres doit être repensée, dans le cadre des orientations ou stratégies qui seront mises en place prochainement par l’organisation, en collégialité avec les associations régionales et les clubs. Il faut se garder la liberté de penser en dehors des cadres établis pour trouver de nouvelles façons d’optimiser les ressources globales, matérielles, financières et surtout humaines qui sont à la disposition du groupe.

Il est facile de tourner en rond et de faire obstruction quand il s’agit d’explorer ou d’approfondir un sujet large ou d’une chasse gardée défendue jalousement par des groupuscules. Ces positions sont polarisées parce que les groupes sont méfiants, ont peur de perdre leurs acquis, mais il est primordial que des discussions franches aient lieu pour s’affranchir des esprits de clocher. Il est temps que les réflexions collectives productives, structurées et innovantes soient faites afin de jeter les bases d’une nouvelle manière de faire et de partager dans la communauté quad. Une chose est certaine : peu importe les sommes qui seront potentiellement injectées dans les coffres des clubs ou de la FQCQ, rien ne pourra remplacer la riche expertise des acteurs collectifs répartis dans toute la province, car elle est irremplaçable !  

Pierre Allard

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