La vision du président de la FQCQ, Réjean Blouin, sur l’avenir du quad au Québec

Il y a de plus en plus de quadistes sur les sentiers québécois. L’attrait pour le VTT et les paysages de la Belle Province est grandissant. Pour arriver à fournir des services adéquats et répondre à cette demande croissante, la FQCQ entend bien faire tout ce qui est possible pour faciliter les choses. À quoi ressemblera l’avenir du quad au Québec? La parole est au président de la Fédération québécoise des clubs quad (FQCQ), Réjean Blouin.

Rappelons d’emblée qu’en décembre 2020, le gouvernement fédéral annonçait le renouvellement de l’Initiative de tourisme hivernal, dotée d’une enveloppe de 10 millions de dollars sur deux ans en vertu du Programme de développement économique du Québec de Développement économique Canada. Cette aide, disait-on, était destinée à accroître les retombées économiques liées à la pratique d’activités hivernales en sentiers tout en permettant de procéder à l’acquisition d’équipements nécessaires à l’entretien sécuritaire de sentiers de ski de fond, de motoneige et de quad. Eh oui : de quad!

« Ça fait quelques années qu’on travaille afin d’être reconnu par le gouvernement fédéral en tant qu’élément important du développement touristique. Il y a des gens qui viennent de partout pour faire du VTT chez nous et, pourtant, cette reconnaissance tardait à arriver. Le fait de nous admettre dans des programmes de subventions, c’est certainement une façon de nous reconnaître et une première étape franchie », expose le président de la FQCQ.

Si cette reconnaissance fédérale tant attendue est appréciée au sein de la fédération, il est primordial que le gouvernement provincial et toutes les autres instances pouvant soutenir la FQCQ le fassent. À cet égard, le fait qu’il existe des circuits touristiques de quad permettant de faire de longues randonnées sur plusieurs jours et qu’il soit possible de conduire un VTT non seulement l’hiver, mais aussi durant les quatre saisons, renforce la capacité d’attraction de cette activité de plein air.

La FQCQ, soulignons-le, propose quelque 30 000 kilomètres de sentiers standardisés normalisés et sécuritaires donnant accès à une myriade d’attraits touristiques partout au Québec.

« Le quadiste, en général, est une personne qui veut communier avec la nature. Il veut voir les choses, il prend son temps et il respecte l’environnement. C’est ainsi qu’on veut développer le quad de demain », partage M. Blouin.

Comment remplir les coffres de la fédération?

Il existe 112 clubs quad au Québec. Dans un tel contexte, quelle est la meilleure façon de générer de l’argent neuf dans les coffres de la fédération?

« Selon moi, la fédération devra devenir une organisation autosuffisante. C’est le but ultime. Pour y arriver, il faut trouver un moyen de financement récurrent, estime Réjean Blouin. Par ailleurs, en centralisant les équipements d’entretien pour une région donnée, par exemple, on pourrait certainement faire des économies de ressources. Il faut aussi pouvoir compter sur le soutien du gouvernement. Il y a 425 000 VTT enregistrés au Québec et nous comptons 52 000 membres. On sait très bien que les 373 000 autres VTT se retrouvent aussi sur les sentiers. Il faudrait peut-être une vignette universelle qui serait apposée sur la plaque. Comme c’est le cas pour l’automobile. »

Effectivement, pour s’assurer que tous les usagers des sentiers paient pour les emprunter, rien de mieux que d’instaurer le principe de l’utilisateur-payeur.

L’entretien et la signalisation : le nerf de la guerre

Tout près de 75 % de l’argent de la FQCQ sert à entretenir les sentiers et à installer une signalisation efficace de façon sécuritaire.

« Tout cela coûte très cher. La fédération est en activité 12 mois par année, comme les sentiers. L’hiver, il y a bien sûr le surfaçage qui nécessite beaucoup d’argent et de temps, mais l’été, la surface de roulement doit aussi être travaillée. Elle subit des intempéries en hiver et avec tous les véhicules qui circulent, il faut les entretenir, fait remarquer le président de la FQCQ. Lorsqu’on fait un sentier, on essaie de respecter l’environnement et, évidemment, de se conformer aux normes gouvernementales en matière d’infrastructures. Les normes du ministère sont de plus en plus exigeantes. »

L’essoufflement du bénévolat

Au dire de Réjean Blouin, le modèle d’affaires de la FQCQ est basé sur le bénévolat. Selon lui, ce modèle est appelé à disparaître.

« Avant, tu faisais du bénévolat pour avoir du plaisir. Aujourd’hui, c’est vraiment difficile de trouver une relève : sur les sentiers, on retrouve souvent les mêmes bénévoles qu’il y a 10 ans. Ils commencent à être fatigués. Ils passent leur temps à travailler. C’est devenu trop exigeant, entre autres, en raison des normes gouvernementales pour les infrastructures qui sont toujours de plus en plus élevées », observe-t-il.

À propos des droits de passage

Réjean Blouin estime que pour assurer la continuité d’un réseau de sentiers quad, il est nécessaire d’établir un réseau qui soit le plus indépendant possible des propriétaires terriens.

« Les propriétaires terriens (N.D.L.R. : les citoyens propriétaires d’un terrain et/ou d’un bâtiment ayant accordé (ou non) un droit de passage) sont de plus en plus nombreux à utiliser le fond de leur terrain pour réaliser divers projets, comme des jardins ou des cultures (semences), fait remarquer le président de la fédération. D’autre part, nous sommes dépendants des ventes qui peuvent survenir à tout moment : quand un propriétaire vend, le nouveau ne veut pas nécessairement voir des VTT passer dans sa cour. Pour ces raisons, si on veut assurer la continuité du réseau, ça devra passer de plus en plus par un maximum de terres publiques. »

On comprend que les droits de passage sont fragiles. Les méthodes de culture (semences) de certains propriétaires et le comportement irrespectueux de certains quadistes (qui nuisent aussi à l’image de la fédération) sont autant de raisons qui fragilisent cet accord.

En toute sécurité

En matière de sécurité, la FQCQ fait bonne figure au dire de son président. Pour l’avenir, l’idée est donc de garder le cap. Dotée d’un organigramme et d’une structure de patrouilles de surveillance des sentiers hautement efficace, la fédération n’a rien à envier à des organismes du même genre.

« Tous nos agents spécialisés sont formés à Nicolet. Ils savent quoi faire et font très bien leur travail », expose fièrement Réjean Blouin.

Si ces agents spécialisés dans la surveillance des sentiers ont tout le pouvoir nécessaire pour émettre des billets d’infraction, leur façon de travailler est davantage guidée par l’éducation et la prévention que par la répression.

« Ce sont mes instructions. Je préfère qu’on éduque les gens comme il le faut plutôt que de leur donner des tickets. Les agents qui sillonnent les sentiers sont là avant tout pour la sécurité des utilisateurs », partage M. Blouin.

À ce chapitre, il y a fort à parier que rien ne changera dans l’avenir puisque la sécurité, elle, demeure une variable des plus importantes pour la fédération.

« Il va sans dire que, si les agissements d’un utilisateur mettent en danger la sécurité d’autres personnes, les agents vont intervenir rapidement et faire ce qu’il faut », conclut le président de la FQCQ à ce sujet.

Signalisation

Quand on parle de signalisation au sein de la fédération, l’uniformisation est plus que jamais l’enjeu.

« Tous nos clubs comptent des agents formés spécialement pour la signalisation. Ils ont des manuels d’instructions et les utilisent dans le but d’uniformiser et de standardiser les panneaux », explique Réjean Blouin.

Par souci d’économie, ce qui est tout à fait compréhensif selon Réjean Blouin, certains clubs utilisent encore quelques panneaux « faits maison ». Cependant, dans l’avenir, le président affirme que la fédération devra tendre vers un modèle de signalisation comme le ministère des Transports.

La pratique du VTT est en croissance

La pratique du VTT est en augmentation depuis plusieurs années de 12 % à 15 % annuellement. En 2020, en raison de la présence de la COVID, on constate une recrudescence encore plus marquée en ce qui a trait à la vente de VTT.

« Pour la Fédération, ces nouveaux propriétaires de VTT sont de potentiels nouveaux membres », reconnaît Réjean Blouin.

Comme on l’a déjà dit, de plus en plus de gens se déplacent pour effectuer de grandes randonnées. Selon le président, c’est aussi pour cette raison que la fédération doit poursuivre sa mission première qui est de proposer des sentiers sécuritaires qui conduisent les adeptes à des attraits touristiques dignes de ce nom.

« La création de circuits touristiques de différentes longueurs (10 jours, 5 jours, 3 jours ou une seule journée) comprenant des arrêts (restaurants, gîtes et autres) permet de générer de l’argent pour les régions où sont proposés ces circuits », s’assure aussi de mettre en lumière Réjean Blouin. À la lumière de ce portrait, force est de constater que, si quelques défis doivent être relevés, l’avenir du quad au Québec s’annonce plus que prometteur!

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