Entretenir des sentiers, une œuvre d’utilité publique.

Entretenir des sentiers, c’est œuvrer pour la communauté en entier. Car maintenir des voies de communication s’avère important. Il y aura toujours des citoyens pour s’élever contre le déplacement des quads. Le plus souvent pour la raison que les VTT sont des véhicules à moteur. Il s’agit d’une vision réductrice et il est temps d’expliquer pourquoi.

Il y a plus de 25 000 kilomètres de sentiers fédérés entretenus par les clubs de quads affiliés à la FQCQ. Ce réseau n’appartient pas aux clubs, mais à des propriétaires privés ou au gouvernement, les fameuses terres publiques de la Couronne.

Les sentiers sont financés par les droits de passage en partie. Les quadistes peuvent également compter sur le Programme d’aide financière aux véhicules tout-terrain du Québec, volet Entretien des sentiers du ministère des Transports. Mais rien ne serait possible sans l’aide des membres des clubs qui s’occupent de l’élagage, du grattage et de l’entretien général.

Sans cela, de nombreux secteurs seraient en friche et coupés de toute surveillance humaine.

Car chaque membre d’un club qui se déplace peut découvrir un événement à signaler ou nécessitant une action, comme une personne ou un animal blessé, un dépôt de détritus non autorisé ou un départ de feu. Chaque quadiste est un sauveteur en puissance, de la faune et de la flore. 

Les projecteurs sont souvent tournés sur les incivilités, sur les véhicules hors route qui roulent dans des propriétés privées et détruisent des plantations. Mais l’action positive et silencieuse des hommes et des femmes qui protègent cet environnement est rarement soulignée. Pourtant elle est bien réelle, mais qui la voit ? Peu de monde, car ce qui se passe dans les sentiers reste dans les sentiers.

En parlant d’environnement, les opposants au quads accusent les gaz à effet de serre rejetés par les véhicules. Personne ne peut le nier. Cependant, les sentiers sont souvent à l’intérieur ou proche de boisés ou de forêts. Les arbres ont comme propriété d’absorber le dioxyde de carbone (CO2) qui émane des gaz d’échappement. Cela atténue les émissions de gaz qui sont absorbées rapidement. 

En contrepartie, les opposants qui se servent d’internet pour leur combat anti-VHR ne sont pas totalement carbo-neutres. Car l’industrie numérique engendre 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) », souligne Charles Prémont, journaliste scientifique, à Radio Canada. C’est une information à méditer pour ceux qui passent leur vie sur le canapé à mettre des avis sur Facebook. 

Attention, cette remarque n’est pas faite pour déclencher une guerre entre communautés. Simplement pour souligner qu’un propriétaire de quad peut être aussi une personne soucieuse de l’environnement, et qui fait sa part pour ralentir la pollution galopante qui attaque notre planète. D’ailleurs pourquoi ne pas solliciter le club de quad local si une association organisait un ramassage de déchets dans un lieu difficile d’accès ? Des propriétaires de quads pourraient aider à recueillir et transporter des détritus là où un camion ne passe pas. 

Un quadiste, c’est souvent une personne qui fait partie de la communauté locale, un voisin, un père, un frère, un cousin, un collègue de travail. Le masculin est employé, mais les femmes ne sont pas oubliées. Comme Sylvie Lachapelle, présidente du Club Quad Parent et co-propriétaire du réputé Hôtel Central. Elle préside le seul club quad dont le conseil d’administration est exclusivement composé de femmes. Sylvie a été sauvagement agressée dans son hôtel à Parent et nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Elle est l’exemple parfait de l’engagement au sein de la communauté avec son implication dans l’administration municipale ou l’organisation d’événements bénéfices au profit de la cause du Cancer du sein.

Les clubs de quads locaux ont intérêt à se rapprocher de leur population locale. De discuter avec eux, et s’impliquer dans leurs causes associatives, pour montrer ce visage humain et proche. Cela s’appelle l’acceptation sociale. Le quadiste sera plus accepté s’il est reconnu et apprécié par la communauté.

Pour revenir au sentier, il sert à relier des villages ou des régions, ce qui est un apport touristique et économique dont on a déjà parlé. 

C’est aussi une voie de passage qui pourrait être utilisée exceptionnellement pour des raisons d’urgence, comme le transport de blessés, si la route principale asphaltée était coupée par un accident.

Les clubs doivent parfois construire des ponceaux pour continuer le sentier et relier les hommes et les régions.

Quelques planches posées dans les règles de l’art ne suffisent plus à construire un pont.

Le processus est beaucoup plus compliqué, et donc plus dispendieux. Un permis est obligatoire. Il peut coûter jusqu’à 10 000 $. Une étude d’impact sur la faune et la flore est nécessaire. On a vu des projets abandonnés car ils nuisaient au bon déplacement de grenouilles ou d’autres animaux protégés. 

Le pont doit supporter des poids importants, ce qui augmente le coût de la structure. 

L’entretien nécessite également de la machinerie. Certains engins demandent un investissement unitaire de 200 000$, sans oublier la maintenance en plus, et l’essence pour le fonctionnement.

C’est dans cet esprit que la Fédération met en place des agents de liaison pour aider les clubs locaux à développer ces projets. Bientôt il faudrait être ingénieur, comptable et avocat en même temps pour être président ou membre du conseil d’administration d’un club local !

D’autres défis sont à relever en matière de sentiers. La négociation avec les propriétaires terriens est un gros travail, et les ententes pour traverser les réserves fauniques doivent se traiter au niveau des ministères.

La Fédération entreprendra des consultations auprès de ses associations régionales, pour commencer, et dans ses clubs ensuite, pour revoir l’ensemble de la gestion de l’activité. Elle est bien consciente qu’il faut réduire la charge administrative des bénévoles responsables des clubs, tout en assurant la pérennité de l’activité et l’interconnexion des réseaux à travers la province.

Aujourd’hui, la Fédération et les clubs de quads savent très bien que les sentiers sont utilisés également par des personnes qui n’ont pas payé leur passe de sentier et qui profitent du système. Ces personnes mettent en péril le frêle équilibre du financement du réseau. Bien sûr, ils peuvent s’attendre à des amendes ou des surcoûts quand ils sont contrôlés par l’un des 1600 agents de sentiers locaux ou la trentaine d’agents fédérés mandatés par la Fédération.

Mais les traquer n’est pas la vocation première des clubs. Le but est de réaliser le rêve d’être connecté, et d’être libre de s’évader à la grandeur de la province.

Chacun peut faire partie de ces belles valeurs. Aider à entretenir les sentiers, cela peut se faire une fois par an ou une fois par mois. L’important est de donner un peu de son temps, et de ressentir la fierté d’appartenir à un groupe.

Et plus que jamais, on peut dire qu’entretenir les sentiers, c’est une œuvre d’utilité publique !

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