Carl Soucy, coordonnateur récréotouristique au sein de l’unité spécialisée en récréotourisme de la Sureté du Québec

FQCQ : Sentiers de quad : l’unité spéciale de Sûreté du Québec veille au grain

CS : Le Service de la sécurité routière et récréotouristique (SSRR) de la Sûreté du Québec veille sur la sécurité des réseaux de transports automobiles, mais ses agents sont aussi actifs dans les sentiers où circulent quads et motoneiges ainsi que sur les plans d’eau. Pour démystifier cette unité spécialisée dont vous pouvez croiser les agents lors de vos promenades, nous nous sommes entretenus avec Carl Soucy, coordonnateur récréotouristique au SSRR du corps policier provincial.

FQCQ : Pour ceux qui ne la connaissent pas, pouvez-vous nous tracer le portrait de ce qu’est l’Unité de sécurité récréotouristique de la Sûreté du Québec ?

CS : Le Service de la sécurité routière et récréotouristique (SSRR) est l’unité de la Sûreté du Québec qui est responsable de la coordination des activités relatives à la sécurité des réseaux de transports. En plus de la sécurité routière, ces réseaux incluent les sentiers récréotouristiques ainsi que les plans d’eau. Les sentiers récréotouristiques comprennent les véhicules hors routes tels que la motoneige, la moto à double usage et le quad. Vu l’étendue du territoire desservi par la Sûreté du Québec, les patrouilleurs récréotouristiques se trouvent dans différentes unités dans toutes les régions du Québec. Ils sont formés selon leur domaine de spécialité.

FQCQ : Les agents qui forment votre unité sont sélectionnés selon quels critères, outre celui d’être des amateurs de quad et de plein air ?

CS : Pour effectuer de la patrouille avec les véhicules récréotouristique de la Sûreté, les policiers doivent avoir suivi une formation rigoureuse qui est donnée par des policiers instructeurs. Dans le cas du quad, il s’agit d’une formation de trois jours qui comporte des notions de mécanique, de la conduite en circuit fermé ainsi qu’en sentier. Tous les patrouilleurs quadistes sont habiletés à circuler en sentier, mais hors sentier également. Il peut être nécessaire de se rendre dans des endroits plus difficiles d’accès afin de porter assistance à une personne ou pour effectuer un sauvetage.

Pour devenir quadiste, le patrouilleur doit démontrer un intérêt et réussir la formation. Plusieurs patrouilleurs quadistes pratiquent ce loisir à titre personnel. L’ensemble des patrouilleurs n’est pas formé pour devenir quadiste, mais tous les patrouilleurs peuvent appliquer la réglementation qui concerne les véhicules hors route. Plusieurs opérations sont réalisées à la croisée des chemins et des sentiers permettant à l’ensemble des policiers d’intervenir. La présence et les interventions des patrouilleurs-quadistes en sentiers contribuent à sécuriser ce réseau et par le fait même, à améliorer le bilan hors route, ce qui est un objectif de la Sûreté. En plus d’effectuer des patrouilles mobiles et statiques, les patrouilleurs assurent une présence, entre autres, à proximité des relais, des auberges et des établissements licenciés afin de sensibiliser les utilisateurs de quad à la pratique sécuritaire de ce loisir.

FQCQ : Est-ce qu’un volet en particulier (motoneiges, sports nautiques, quad et côte à côte) vous occupe plus ? 

CS : Selon les réalités des régions, la popularité des activités récréotouristiques peut varier. Des conditions climatiques favorables contribuent à l’achalandage des réseaux de transport. Au niveau du quad, certains clubs ne sont ouverts que l’hiver et d’autres que l’été. Pour la motoneige, il arrive que certaines années la saison soit très courte alors que d’autres sont plus longues. Certaines régions possèdent plusieurs plans d’eau alors que d’autres en ont très peu. Le SSRR donne les grandes orientations, mais chaque région est responsable de prioriser ses interventions récréotouristiques selon ses réalités.

FQCQ : Avez-vous des statistiques récentes concernant la sécurité dans les sentiers de quad, les accidents, les opérations menées et les contraventions remises ?

CS : Du 1er mai 2020 au 30 avril 2021, il y a eu 26 collisions mortelles en quad sur le territoire de la Sûreté du Québec. Une part importante de ces décès est survenue hors sentier lorsque les gens utilisent leur motoquad ou leur autoquad pour se déplacer, par exemple, pour aller à la chasse ou pour se rendre à un chalet. La réglementation relative aux véhicules hors route s’applique autant en sentier que hors sentiers. Durant la même période, c’est 2 732 quadistes qui ont reçu un avertissement de non-conformité et un peu plus de 3 000 constats d’infraction qui ont été remis à des quadistes qui ne respectaient pas la réglementation en vigueur.

FQCQ : Par rapport à vos interventions sur les sentiers de motoneige, quelles sont les différences lorsque vous intervenez dans les sentiers de quad une fois la neige fondue ? 

CS : Les méthodes de travail sont similaires lors de la patrouille à motoneige ou en quad. Il faut toujours adapter sa conduite aux conditions des sentiers, été comme hiver.

FQCQ : Quels sont les comportements répréhensibles que vous constatez le plus souvent chez les quadistes ?

CS : Un des comportements pour lequel les interventions policières sont nombreuses est la circulation sur les terrains privés sans avoir l’autorisation du propriétaire. Pour circuler sur une terre ou sur un chemin privé, le quadiste doit s’assurer d’avoir l’autorisation expresse du propriétaire des lieux. Certains utilisateurs sont négligents et endommagent les propriétés. Nous sommes fréquemment interpellés à ce sujet.

Un autre comportement négligent est le fait de circuler sur les chemins publics sans que la signalisation l’autorise. Plusieurs collisions surviennent avec des véhicules routiers lorsque les quads traversent ou circulent sur un chemin public à un endroit où ce n’est pas permis de le faire.

Lors des patrouilles, il arrive que des personnes mineures soient interceptées en sentier. La loi prévoit qu’il faut avoir 18 ans pour conduire un autoquad et 16 ans pour un motoquad. Les jeunes âgés de 16 et 17 ans doivent obligatoirement être titulaires d’un certificat d’aptitude délivré par la Fédération québécoise des Clubs Quads (FQCQ) pour conduire ces véhicules.

Le non-port du casque protecteur conforme aux normes est également un comportement pour lequel les policiers interviennent. Le casque doit, en plus d’être conforme aux normes, être porté et attaché correctement. Lors de collision ou de renversement, le casque protecteur diminue grandement les risques de blessures graves ou de décès.

FQCQ : Quelle est votre façon de vous coordonner et de travailler en équipe avec les patrouilleurs des clubs locaux de quad ?

CS : Étant donné que nos patrouilleurs quadistes sont dans tous les postes de la Sûreté du Québec, cela facilite la connaissance des problématiques et des enjeux locaux. Les patrouilleurs des clubs de quads connaissent les policiers et sont en mesure de prendre contact avec eux et d’organiser des sorties conjointes. Il est fréquent de travailler en partenariat avec des patrouilleurs de la Fédération Québécoise des Clubs Quads afin d’effectuer des points de contrôle pour s’assurer de la sécurité des quadistes.

FQCQ : Quels pouvoirs ont ces patrouilleurs bénévoles des clubs locaux ? Ont-ils reçu une formation particulière et ont-ils une certification leur permettant de donner des contraventions ?

CS : Les agents de surveillance de sentier ont sensiblement les mêmes pouvoirs que les policiers en sentiers, à quelques exceptions près. Ils ont le pouvoir d’identifier les utilisateurs de véhicules hors route, s’assurer que leur véhicule est conforme, prendre des photos du véhicule et vérifier que les droits d’accès aux sentiers ont été acquittés. Lorsqu’ils constatent une infraction et qu’ils désirent émettre un constat, les agents de surveillance rédigent un rapport qu’ils remettent au corps policier local qui donne ensuite le constat d’infraction.

FQCQ : On observe un engouement particulier pour le plein air et les sports motorisés depuis le début de la pandémie. Avez-vous remarqué une plus grande affluence dans les sentiers et si oui est-ce que ça vient avec plus de conducteurs dont certains sont moins au courant des règles ? 

CS : Dans le contexte de la pandémie, l’achalandage dans les sentiers a augmenté considérablement. La Sûreté du Québec ainsi que ses partenaires de la FQCQ sont présents dans les sentiers de quad. Plusieurs nouveaux adeptes circulent en sentier sans avoir connaissance des règles de base de circulation et de la réglementation en vigueur. Il est de la responsabilité de chaque conducteur de s’informer de ses obligations afin d’être conforme et sécuritaire lorsqu’il circule en sentier.

FQCQ : À quels types de contraventions peuvent s’attendre les conducteurs de quads pour les infractions les plus communes ?

CS : Pour circuler sur un terrain privé sans l’autorisation du propriétaire ou pour circuler sur un chemin public sans que la signalisation lui en donne l’autorisation, l’amende est de 350 $. Pour avoir conduit un véhicule hors route sans être âgé d’au moins 16 ans ou pour ne pas être titulaire d’un certificat d’aptitude délivré par la FQCQ, lorsqu’âgé de 16 ou 17 ans, l’amende est de 450 $. Pour circuler sans un casque conforme, l’amende est de 350 $. Pour toutes ces amendes, des frais s’ajoutent au total du montant réclamé.

FQCQ : Le nombre de VTT immatriculé au Québec est beaucoup plus grand que le nombre de passes vendues annuellement pour circuler dans les sentiers fédérés, et plusieurs y circulent sans avoir payé leurs droits d’accès. Qu’en est-il de cette situation et à quel point vos patrouilleurs sont responsables de la contrôler ? S’agit-il plutôt du mandat des patrouilleurs bénévoles ?

CS : Les policiers ainsi que les agents de surveillance de sentier s’assurent que les conducteurs de quad détiennent les droits d’accès aux sentiers. L’amende pour ne pas avoir acquitté les droits d’accès est de 350 $. De plus, un policier ou un agent de surveillance de sentier qui constate qu’un utilisateur ne détient pas les droits peut exiger que celui-ci en fasse l’achat sur place. Plusieurs propriétaires de véhicules tout-terrains les utilisent seulement sur leur terrain privé et n’ont donc pas de droits d’accès aux sentiers. Ils peuvent ne pas payer les droits d’accès, mais il leur est interdit de circuler en sentier.

FQCQ : Plusieurs conducteurs de quad croient qu’il est possible de rouler sur un chemin public sur une petite distance pour rejoindre un sentier officiel, et ce sans conséquence. À quoi s’exposent-ils ? 

CS : Il est strictement interdit de circuler sur le chemin public sauf lorsque la signalisation le permet. Habituellement, la signalisation permet de se rendre aux stations-service situées à moins d’un kilomètre du sentier.

FQCQ : Quelles opérations de sécurité et de visibilité sont prévues pour l’été à venir pour votre unité ? 

CS : Outre les opérations habituelles de respect de la réglementation et de la signalisation, des opérations de sensibilisations auront lieu cet été dans plusieurs régions du Québec en vue de l’entrée en vigueur de nouvelles mesures de la Loi sur les véhicules hors route (LVHR) le 10 septembre prochain. À partir de cette date, il sera obligatoire de détenir un permis de conduire valide pour circuler sur un sentier, une route, une terre publique ou une terre privée appartenant à une municipalité et d’en respecter les conditions.

De plus, les dispositions administratives du Code de la sécurité routière encadrant la conduite avec les capacités affaiblies s’appliqueront en sentier. La mesure zéro alcool, la suspension de permis sur-le-champ ainsi que d’autres mesures concernant la consommation d’alcool et de drogues s’appliqueront dorénavant en sentier. Vous pouvez trouver davantage d’informations sur ces nouvelles mesures sur le site du Ministère des Transports du Québec.

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