On entend parler à tous vents des nouveaux projets qui se veulent durables. On souligne la faible empreinte écologique des concepts avant-gardistes, des espaces verts qui reprennent du terrain sur le béton. La prise de conscience par les gens que tout ne peut continuer comme avant commence à être très présente. Considérant ce fait, comment est-ce que les sentiers fédérés de quad peuvent-ils être conçus pour atténuer l’impact dans l’environnement?
Le sous-comité de travail chargé de l’aspect environnemental à la FQCQ fait présentement des réflexions sur le positionnement à ce sujet, notamment pour élaborer une forme de certification écologique des sentiers. En attendant les résultats des travaux, voici comment j’entrevois ce que pourrait être un sentier certifié écologique.

Les normes de construction
Les nouveaux sentiers construits par la SAAQ sont déjà conformes aux réglementations environnementales exigeantes en vigueur au Québec. Le règlement qui couvre les terres publiques est le Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État (RADF). Il légifère notamment les activités visées, la préservation des milieux humides, les normes de voirie forestière et l’aménagement et autres détails, comme la récolte de bois et la cohabitation des usagers.
Le deuxième règlement, qui s’applique sur les territoires organisés (villes et municipalités), est la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques (LCMHH) qui traite pour sa part du cadre règlementaire, des normes à respecter, des certificats d’autorisation et de l’établissement de compensations pour atteinte aux milieux humides.
En gros, un nouveau sentier ne peut passer à moins de 60 mètres d’un chalet, d’un refuge, d’une base de plein air, d’une réserve écologique, etc. De même, pour éviter d’être soumis aux règles particulières des milieux humides, le sentier devra passer à au moins 60 mètres de ceux-ci. À moins de 20 mètres, il faudra une dérogation ministérielle (rien de moins!) et à moins de 60 mètres, une permission du Ministère, mais préparez-vous à fournir un argumentaire étoffé.
La construction des ponceaux ne se fait plus comme avant en jetant un quelconque tuyau dans un fossé. Il faudra tout d’abord avoir une évaluation du bassin hydrographique du secteur pour connaître le débit d’eau dans le ruisseau et déterminer le type d’ouvrage qu’il faudra construire : ponceau avec un tuyau ou en arche? Pont? Cette étude est faite généralement par des bureaux d’ingénieurs ou des groupements forestiers qui ont le personnel pour le faire. En plus, il faut savoir si le cours d’eau est considéré comme un habitat du poisson. SI la réponse est affirmative, le ponceau sera construit selon des normes strictes et très coûteuses.
Rappelons aussi que les sentiers sont drainés adéquatement et que des bassins de sédimentation sont aménagés pour éviter que des sédiments soient entraînés dans les cours d’eau lors des fortes pluies.

Qu’en est-il des sentiers existants?
Nous avons vu dernièrement dans l’émission Enquête de Radio-Canada le délabrement des ouvrages d’art dans les chemins forestiers. Une fois la cueillette de bois terminée, l’industrie forestière quitte les secteurs de coupe sans regarder en arrière. Les installations routières s’altèrent et causent parfois des préjudices à l’habitat du poisson. Est-ce qu’une telle situation pourrait arriver dans les sentiers quad fédérés? Force est d’admettre que oui.
Dans les régions du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, les clubs, épaulés par leur agent de liaison, ont fait caractériser tous les ponceaux dans leurs sentiers par une entreprise spécialisée en environnement. Ils connaissent donc l’état de toutes leurs installations et peuvent planifier les réparations par ordre de priorités. Dans le cas où l’habitat du poisson est menacé, il sera possible de mettre à niveau avec l’aide de la Fondation de la faune du Québec. Donc les sentiers existants ne restent pas dans l’oubli quant à leur conformité aux normes.

Sensibilisation des gens à l’écologie du sentier
La notion d’un sentier écologique devrait être élargie au-delà des notions de travaux de voirie pour minimiser l’impact environnemental de la circulation des véhicules hors route. On aurait grandement avantage à capitaliser sur l’aspect d’offrir une expérience unique à mettre en lumière les particularités écologiques de l’endroit.
Cela pourrait se faire en installant dans les sentiers des panneaux de sensibilisation qui expliquent des faits intéressants du site. Par exemple, les aires de nidification des oiseaux qui sont près des sentiers pourraient être indiquées et expliquées. Cette mesure se fait déjà avec Québec Oiseaux, mais elle gagnerait à être étendue. On pourrait faire la même chose avec une forêt ancienne, avec un vieil arbre plus que centenaire. De plus, des clubs ont eu déjà eu la bonne idée de faire passer le sentier près de sites d’interprétation déjà en exploitation. On peut penser au site de la passe migratoire du saumon de la rivière Causapscal dans le club de VTT de la Matapédia. En plus de voir des saumons nager le nez dans le courant, les visiteurs pourront assister à une présentation du cycle de la vie du saumon par un gardien. On comprend que le but est de faire prendre conscience à tous ceux qui circulent en sentier la nécessité de prendre soin de l’environnement et de veiller au respect des règles du lieu.

Comportement des utilisateurs
Bien que de plus en plus de gens sont conscients de la nécessité de respecter la propriété privée, il arrive que des conducteurs de quad s’en donnent à cœur joie dans les champs et les plantations. Il est certain que cette attitude nuit grandement à la préservation des droits de passage. Depuis le temps qu’on en parle à la Fédération, on ose espérer que ceux qui se permettent cela ne sont pas des membres de club. Il y a cependant des actions que les quadistes devraient se faire un point d’honneur de respecter pour préserver l’acceptabilité sociale.
Tout d’abord, il importe de diminuer la vitesse aux abords des habitations. En plus de réduire la perception de danger par les habitants du rang par la vitesse excessive, cela diminue l’inconvénient du bruit et de la poussière. Si les résidents perçoivent que le quadiste fait des efforts pour réduire les inconvénients, ils seront plus conciliants pour cohabiter avec les quads.
L’autre aspect à respecter est de ne pas laisser des ordures derrière soi dans le sentier. Cela peut sembler aller de soi, mais on entend encore beaucoup d’histoires d’horreur d’agriculteurs qui perdent des animaux parce qu’ils ingèrent des restants de cannettes d’aluminium. Comment est-ce possible? Les cannettes abandonnées sont happées par les fourragères et autres instruments aratoires et se retrouvent déchiquetées dans le fourrage. L’ingestion de ces débris par les vaches est plus que souvent mortelle.

Que penser des GES?
L’activité quad est à la base une activité motorisée qui brûle des hydrocarbures. On voit bien poindre à l’horizon des quads électriques, mais ce n’est pas demain la veille que les quads à essence vont disparaître du paysage. C’est une vision utopique, mais je rêve de pouvoir comptabiliser la quantité de gaz à effet de serre émis collectivement par l’activité dans les sentiers et de trouver une manière de les compenser. Imaginons qu’on puisse élaborer un plan de plantation d’arbres qui parviendrait à compenser les émissions d’une année, nous aurions tout un argument contre les écologistes qui nous pourfendent sur la place publique!
Selon la planification stratégique de la FQCQ, la notion de sentier responsable écologiquement sera élaborée par les comités de travail internes dans la prochaine année. Il sera intéressant de voir où cela nous mènera.